Etonime et opinions des universitaires

Publié le par James E. Cliff

Etonsime, une demarche vers le classique africain.
Ruth Belinga[1]
Face au support de l’art, les instituitions scientifiques – du genre de l’Université et Musée – sont inévitablement auxilliaires. La Biennale de San Paulo est couverte par le Musée céans l’université; celle de la Florence, dans son art. 4, le dit en long et en large, etc. C’est raison pour laquelle, j’ai été émue de voir durant une biennale (Duta) en sa deuxième édition, et surtout en Afrique où les choses dit-on ne fonctionnent que mal, de voir l’artiste Etona et Patrice présenter une oeuvre d’art et une philosphie que l’observateur informé et non-informé consentit immédiatement sans détours.
 
«Étonisme, dit le philosophe angolais, est la philosophie que l’artiste utilise moyennant sa peinture et sculpture pour sa lutte contre les exclusion à travers de l’indulgence». De même qu’il ne peut exister de politique sans legitimité juridique, l’art trouve la sienne dans la critique, plus precisement dans la science qui a l’art pour l’object d’étude. Sans moindre doute, l’exposition de l’étonisme expliqué dans la vie contemporaine, est une démarche défiante pour la légitimation.
 
Dimension historique
La dimension historique que les arts ont dans le continent africain est pauvre et riche en même temps. Pauvre parce que l’histoire s’interesse davantage aux evenements rupturesques, ainsi comme la découverte de l’écriture. Et l’Afrique n’en a pas encore assez... sauf peut-être l’étonisme. Tel qu’elle a été presentée durant la Biennale de Duta[2], la théorie de l’étonisme contient certains enjeux nécessaires d’un evenement rupturesque. Il nous faudrait aussi des telles études en ce qui concerne ce qui se passa avant l’étonisme, et cela n’est pas seulement pour l’Angola. Chacun des pays africains aurait besoin ses evements historiques bien systématisés scientifiquement afin que l’on procede ensuite à une Histoire classique de l’art africain :tel que l’étonisme. Et riche parce que, l’histoire de l’art africaine n’est pas encore autonomement exploitée; on l’associe souvent – et à tort – à l’ethnologie. Certains musées europeéns indiquent qu’en fait l’histoire de l’art semble réellement riche, en attendant des études scientifiques. Et quand nous y effectuons stages ou visite, nous nous rendons compte de sa richesse lointaine.
 
Normallement, il n’existe pas d’histoire sans antrhopologie, mais l’histoire de l’art africain, doit être étudiée séparament pour son évidence : «vraies inventions». Il va de soi que l’esthétique africaine n’a rien à voir avec d’autres, étant donné que chacun vit et a ses problèmes – l’un différe de l’autre. De surcroit, étonisme évente au-délà des problèmes exclusivement africains : on trouve des exclusions partout ailleurs dans le monde, même dans les pays developpés. Et, c’est justement ça qui octroie à cette philosophie une place d’honneur independement du millieu où elle peut être exposée. Je ne doute pas que, durant la «Journée Internationnale de la Femme», l’étonisme soit acclamé au Cameroun – comme d’ailleurs il a été le cas au vernissage de la Duta, aussi bien que n’importe où l’on discrimine la femme. C’est justement ça l’enfilade philosophique que le philosophe angolais systématise clairement, avec support intellectuel de son background bien sûr. Beau mariage entre un critique et un artiste. Outre leur presentation à Duta, leur existence est un fait historique rupturesque – surtout qu’ils ont avoué avoir déjà été à Namibie, Dak’Art, en Russie et pensent continuer cette tâche un peu partout ailleurs en Afrique, mais la prochaine étape serait aux Etas Unis d’Amérique, à Vermont Studio Center, après Portugal où va se passer une exposition de sculpture monumentale en Mai prochain. Les étudiants de Yaoundé les attendent aussi eventuellement.
 
Une philosophie sage et un philosophe intelligent
Ce qui m’admire advantage, c’est l’intelligence du philosophe. Aussi, j’aimerai voir un philosophe camerounais pouvoir théoriser les oeuvres de Goddy Leye... La théorisation sur l’étonisme est lucide et intelligente mais, je suis d’opinion que cela devait être urgent pour le philosophe et l’artiste de la présenter dans une Université. Deux raisons semblent le justifier : prémièrement, tout Festival des arts contient des objectifs moins scientifiques, et le pire serait que Duta se trouve encore dans son enfance; et en segond lieu, cette philosphie ne peut seulement être bien sanctionnée que par des spécialistes qui n’étaient malheureusement pas présents au vernissage où la philosophie fut présentée.
 
Durant l’émission «Musique & Nous» dans La Radio Nostalgie, du 16 Mars, à 20H :30, la nation camerounaise – du moins ceux qui étaient à l’écoute – ne ferait que remercier l’artiste et le philosophe angolais pour leur contribuition qui dépasse la modalité artistique. Ce fut une bonne léçon de la tolérance non seulement dans la scène politique, mais encore plus dans la vie sociale. C’est une dette que nous avons envers les Angolais que seul le futur incertain pourrait nous dévoiler son payement. Un geste de africanité qui, une fois bien cultivé et developpé les Africains seraient les prémiers benéficiateurs.
 
Un classique africain?
D’une façon générale, le classicisme fait défaut en Afrique. Et s’il éxiste des études classiques, c’est surement la plume étrangère, et peu s’en faut pour l’africain lui-même qui, dépuis lors, s’habitua a faire une science de segonde main, en l’important souvent en état expiré. Cependant il faut que l’on en finisse avec ces gouvernances scientifiques. Certains africains comme Cheikh Anta Diop ont audacieusement défié le bloc eurocentiste en proposant l’Egyptologie. Et cela a geré l’Africologie qu’on enseigne aujourd’hui dans les grandes universités du monde. C’est dans ce sens que j’essaie de comprendre la demarche de l’étonisme. D’un côté il fait long chémin sur le cadre de propositions du prestige africain, à côté de l’egyptologie, africologie, negritude, etc. De l’autre, la philosophie se justifie dans sa contemporaneité abordant les problèmes planetaires et non seulement africains. Une doctrine mondiale? Le futur aurait-il expliqué cela peut-être bien...
 
Nous sommes devant un travail réellement scientifique qui à mon avis contribue aux études classiques sur l’art africain. Gaudibert par exemple, se limitait aux suggestions creuses par son generique abordage, et moins consistantes par leur arrangement dû aux méthodes utilisés. Et Patrice Batsikama – philosophe de formation – le fait mieux encore de manière aussi simple qu’actualisée, donnant ainsi assez d’espaces tant pour les circuits des arts, asussi bien pour les pontificats académiques. Simon Ndjami est d’avis par exemple que «nous assistons à des manifestations artistiques qui sont en-dessus ou en-dessous de la critique. Il faudrait une science de sauvetage pour l’art contemporain»[3]. Sa présence (ratée) dans ce vernisage lui aurait peut-être satisfait au sujet de l’étonisme dont sa théorisation répond presqu’exactement aux exigences qu’il énumera à l’époque.
 
Goddy Leye, après lecture sur «l’Étonisme, esthétique de rupture», expire d’une courte phrase : «voilà dumoins un classique africain, lucidement exposé».
 
Les artistes et les spécialistes devraient s’unir pour répondre si nous sommes réellement devant un classique africain. Je comprends parfaitement l’opinion de Goddy Leye comme artiste. Mais je doute fort que ainsi soit aussi l’opinion d’autres chercheurs de l’art. Du moins du point de vue de l’Histoire, la presentation de l’étonisme fut un véritable évenement rupturesque et très singulier dans l’Histoire des manifestations artistiques en Afrique. C’est un acte enregistrable par l’Histoire. Aussi bien en philosophie de l’art, il détient ce droit de citoyenneté. Espérons que d’autres chercheurs et critiques d’art s’expriment aussi, car, il en va de soi, la continuité de l’étonisme en dépends forcément.
 
Un anti-separatisme
Je vais me baser sur le racisme, tout en prenant comme exemple Hegel. En décembre 1962, le président du Ghana, Kwamé Nkrumah, ouvrant le premier congrès international des études africaines à Accra, s’en prenait aux propos prêtés à Hegel, selon lesquels l’Afrique serait en dehors de l’Histoire. Le prix Nobel de littérature, le Nigerian Wolé Soyinka, dans son discours de Stockholm, considerait Hegel comme «l’un des ancêtres intellectuels de l’Apartheid sud-africain». Le Camerounais Marcien Towa voyait en Hegel l’idéologue de l’impérialisme, car il aurait exclu les Noirs de l’histoire universelle et de la philosophie[4].
 
Le Congolais Théophile Obenga, disciple de Cheikh Anta Diop, critiquait le maître d’Iéna pour avoir refusé au monde africain toute rationalité[5] ; de même, selon l’analyse de Marie-Louise Diouf, l’Afrique, vue par Hegel, serait  «en soi, irrationnelle»[6]. Le Burkinabé Joseph Ki Zerbo pourfendait Hegel comme le porte-parole le plus radical de la thèse selon laquelle « l’histoire de l’Afrique n’existe pas »[7].
 
On pourrait clairement remarquer que les intellectuels Africains – contrariant Hegel – tiennent des discours qui a leur tour est de caractère separatiste. Un reflet normal :«qui empoisonne meurt par le poison», disent les Akwa. «Qui accuse s’accuse». Les intelectuels africains y tombèrent naturellement dans ce jeu, puisqu’ils veulent ideologiser une thèse selon laquelle l’homme noir serait égal ou soit supérieur[8] à l’homme blanc. Une repetition inutile peut-être puisque les Illuministes l’auraient déja fait. D’ailleurs, Hegel avait atribué la découverte de la quinine à un Docteur Médecin nègre qu’il a appelé Kingéra[9]. Nonobstant, l’étonisme surpasse ce jeu, une doctrine réellement mondiale, j’ose croire, parce que ne condamnerait pas du tout Hegel, mais nous ‘appelle tous’ à avoir l’indulgence l’un vers l’autre.
 
Pourquoi isme?
Le suffixe «isme» indique une doctrine, un mouvement, un courrant. Pourquoi le philosophe opte pour «isme» alors qu’il pourrait bien choisir autre tonalité? Son explication peut se justifier en esthétique ou philosophie, mais il aurait certainement du mal à tenir les inconvenances d’ordre historique : 1) les camérounais par exemple apprecieront de savoir sa démarche artistique et des resultats concrets qui justifient cet aboutissement de «isme» lié en son nom; 2) dans ce cas alors, quel serait le systeme selon lequel fonctionne ce «isme», sans oublier des evenements concrets qui justifie cela sans détours; 3) s’il s’agit d’un courrant philosophique-artistique, quels sont les adhérants ainsi que leurs travaux dumoins exposés (catalogue, journal par exemple); 4) tout «isme» lié à un nom propre est destiné à son épuisement quand les critques sur la personne sont perverses, tel enseigne l’Histoire.
 
Bien malgré cela, rien n’empèche que l’étonisme ne soit referencié, une fois déjà structuré. Et toute philosophie est accompagnée des actes. Actes tel que celui de quitter son pays lointain pour venir exposer dans un autre pays où l’on n’a nullement pas son ambassade. Le futur serait-il en faveur de l’étonisme? La science ne vaticine pas, mais l’artiste et le philosophe peuvent nous en dire plus. Les étudiants de l’Université de Yaoundé du deuxième cycle (en Histoire de l’art) sont particulièrement interessés : une porte ouverte pour des discutions academiques sur l’étonisme. La finalisation de ce classique africain inutillement perdu dans les forêts inconnues de l’Angola dépendra de rencontres de ce genre.
 
Etonisme, c’est – d’après les Camérounais en mutations sociales – échanger les savoirs, acepeter la diversité et respecter l’autre. C’est-à-dire philosophie de la reconciliation et l’union de parties.


[1] Candidate au Doctorat en Histoire de l'Art, Universite de Yaoundé.
[2] Douala Urban Touch of Arts.
[3] Journal Le Messager du 16 Mars de 2005.
[4] Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle. Yaoundé, 1971. Basile Fouda et Sindjoum Pokam ont vivement critiqué Towa, dans La philosophie camerounaise à l’ère du soupçon, Yaoundé, 1980.
[5] Cheikh Anta Diop, « Volney et le Sphinx », Présence africaine 1996
[6] Individu et système chez Hegel, thèse 3è cycle, Paris I, 1979
[7]Histoire de l’Afrique noire, d’hier à aujourd’hui , Paris 1978.
[8] À une époque lointaine : Afrique pharaonique.
[9]Hegel, critique de l’Afrique, Thèse Paris I, 1990, de Pierre Franklin Tavarès

Publié dans worldart

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